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Begegnungen
Schriftenreihe des Europa Institutes Budapest, Band 11:337–349.

FERENC TÓTH

L’immigration hongroise en France au siècle des Lumières

Aspects sociaux et culturels de la présence hongroise en France (1692–1815)

 

L’immigration hongroise au dix-huitième siècle était un phénomène politique et militaire. Elle commença à la fin du XVIIe siècle et surtout après la guerre d’indépendance hongroise (1703–1711) qui se termina par la chute du prince Ferenc II Rákóczi. Rákóczi, descendant des princes de Transylvanie, était un allié oriental de Louis XIV qui profita des troubles en Hongrie durant la guerre de Succession d’Espagne. Le prince déchu trouva un refuge dans la cour de Louis XIV. De même, ses officiers et partisans le suivirent dans son émigration en France. Beaucoup d’anciens combattants de la guerre d’indépendance trouvèrent un emploi au sein de l’armée royale française.1

C’était à cette époque que la manière de combattre à la hongroise, autrement dite la tactique de la petite guerre, commença à s’épanouir en Europe. Les penseurs militaires du siècle des Lumières s’inspirèrent beaucoup des ouvrages des auteurs anciens (Polybe, Jules César, Salluste etc.). Particulièrement en ce qui concerne la cavalerie, les penseurs anciens avaient maintes fois souligné la supériorité de certains peuples asiatiques ou africains (Numides, Scythes, Parthes, Herules, Huns etc.). Les qualités militaires de ces peuples guerriers furent considérées comme caractéristiques ethniques propres à une collectivité, population ou race données. Cette vision ne fut pas étrangère aux théoriciens de l’art militaire de l’époque moderne également. Au contraire, selon le comte Turpin de Crissé, les Hongrois devaient leur aptitude pour la cavalerie à leurs anciens ancêtres, les Huns:

Il semble que les Hongrois, qui selon plusieurs Historiens, sont les mêmes que les Huns, retiennent encore la façon de combattre de leurs ancêtres, lorsque sous Attila ils vinrent s’établir dans l’Italie : en effet, les meilleures Troupes légères sont formées de Hongrois, et l’on sçait quel service elles ont rendu dans les dernières Guerres: c’est sur leur modèle que les Souverains ont formé d’autres Troupes, qui n’ont été qu’utiles, mais qui sont aujourd’hui nécessaires.2

De telles stéréotypes ethniques circulaient alors sur les hussards hongrois parmi les auteurs militaires contemporains. Au XVIIIe siècle deux mots français furent utilisés: le „hussard” ou „houssard”. Ce dernier ayant une consonance plus proche du „huszár” hongrois, distinguait les Hongrois parmi les hussards de différentes nationalités.3 Cette nuance sémantique était probablement due à l’enrõlement massif des recrues allemandes et françaises. Au début, lorsque les premiers régiments de hussards apparurent en Europe, les mots „hussard” et „Hongrois” étaient pratiquement des synonymes. Lorsque le chevalier de Chabot rédigeait son mémoire sur la cavalerie, vers 1748, le corps des hussards était encore caractérisé par la majorité des Hongrois:

En Allemagne qui dit un hussard dit un hongrois, homme de cheval si bien accoutumé à cet animal qu’il croit n’exister que par luy qui à ce goút pour cet Exercice joint une Science pratique pour le conduire et le Seigneur qui luy fait trouver dans cet animal des ressources presqu’inconnues à tout autre homme...4

L’aptitude des Hongrois pour la cavalerie était incontestable aux yeux de l’élite militaire française. Seuls les Allemands pouvaient être comparés à eux. Le comte Turpin de Crissé, dans son célèbre Essai sur l’art de la guerre (1754), exalta le génie de ces deux nations pour le service dans les troupes légères:

Le Hongrois et l’Allemand ont plus de sang froid et plus de constance. Le premier est sans doute le seul peuple qui soit naturellement propre à ce métier; le second y parvient avec un peu d’exercice.5

Dans un autre ouvrage manuscrit, consacré presque entièrement au service des hussards, le comte Turpin de Crissé souligna d’autres qualités de ces deux nations:

Le françois est brave et intelligent mais, si j’ose le dire, l’hongrois et l’allemand et plus rusé et marche avec plus de precaution...”6

Nous retrouvons le même raisonnement dans Le Partisan (1759) de Lajos Mihály Jeney:

L’Infanterie peut se former de toutes sortes de Nations; quoique les François et les Liégeois méritent quelque préférence, par rapport à leur bonne volonté. Mais la cavalerie requiert qu’on y reçoive, d’autant qu’il est possible, des Hongrois et des Allemans, naturellement amateurs des Chevaux; et doués d’un talent particulier, pour les nourrir, les penser et les conduire : ce que les autres Nations de l’Europe ne pratiquent, qu’après de longues habitudes.7

Le principe ethnique s’estompa dans l’armée au fur et à mesure que l’idée du service militaire national et obligatoire se développa sous l’influence philosophique de Montesquieu et Maurice de Saxe.8

La cavalerie légère hongroise, les hussards, apparut dans presque toutes les armées européennes. L’armée impériale en comptait plusieurs régiments à la fin du XVIIe siècle. L’armée royale française voulait opposer aux hussards impériaux leurs compatriotes réfugiés en France. Après les débuts incertains de cet arme en France, le premier régiment de hussards permanent fut fondé en 1720 par le comte László Bercsényi. Ensuite, le nombre de ces régiments ne cessa de croître jusqu’à la Révolution époque à la quelle il y en avait douze.

Au début, grâce au recrutement parmi les réfugiés hongrois en Turquie et aux désertions massives pendant les guerres continentales de la première moitié du siècle, les effectifs étaient composés en majorité de Hongrois. Plus tard, surtout après le renversement des alliances en 1756, leur place fut occupée par des Alsaciens, des Lorrains et des Français. Néanmoins, l’élite d’origine hongroise garda jusqu’à la Révolution une position stable dans le corps des officiers des régiments de hussards français. Quelques membres de cette élite militaire remplirent des missions diplomatiques en Orient. Surtout leur contribution à la colonisation française à la fin de l’Ancien Régime est notoire.

Les régiments de hussards comme les autres régiments étrangers de l’armée royale française étaient particulièrement liés à la personne du roi. Pendant les jours tumultueux de la Révolution, ils combattirent aux cõtés des autres royalistes. Il faut souligner le rõle de certains aristocrates d’origine hongroise dans la préparation de la fameuse fuite de Varennes. Il en résulta leur expulsion à l’étranger. L’émigration emporta ainsi la plupart des officiers d’origine hongroise. Pourtant, la France accueillit des immigrés hongrois pendant la Révolution et l’Empire également. Les déserteurs militaires et réfugiés politiques issus de l’intelligentsia hongroise entrèrent au service de la France.

Comme il s’agissait d’une immigration militaire, le principal lieu de leur intégration était l’armée royale française. La question de leur insertion est d’autant plus intéressante que l’armée se trouvait à cette époque sous le feu croisé de critiques.9 L’apparition des hussards en France coïncidait avec la période de crise qui ébranlait l’armée royale française. D’une part, la noblesse voulait dominer le corps d’officiers, d’autre part on assistait à l’émergence de l’idée du service national. De toute façon, l’argent et le talent des roturiers modifiaient la composition de la hiérarchie militaire. Le système de la „noblesse militaire” (1750) contribua à l’intégration des „officiers de fortune” dans la noblesse de l’épée. Cette dernière réagit vivement. Le chevalier d’Arc exprima avec force, dans son livre intitulé La noblesse militaire ou le Patriote français (1756), les revendications de la majorité des officiers gentilshommes.10 Il exalta les anciennes vertus nobiliaires : l’honneur, la sobriété et le mépris de la richesse. Le chevalier d’Arc voulait réserver les grades d’officier exclusivement aux nobles. La noblesse militaire voulait conserver et garantir son monopole sur les postes d’officiers dans l’armée où la bourgeoisie essayait de s’infiltrer par la vénalité des offices. D’autre part, de nombreux officiers de fortune remarquables réclamèrent leur accès dans la noblesse militaire.

La controverse autour des principes de la „naissance” et du „mérite” partageait l’opinion publique. L’élite des régiments de hussards composée de pauvres gentilshommes hongrois devaient parfois faire la même carrière que les officiers de fortune français. Pour récompenser le mérite militaire, l’ordre des chevaliers de Saint Louis fut créé en 1693.11 Pour réconcilier les meilleurs „officiers de fortune” avec les officiers gentilshommes, Louis XV créa la noblesse militaire en 1750. L’édit du mois de novembre autorisa l’anoblissement de certains officiers ayant la croix de Saint Louis. Le nombre élevé des cheva- liers de l’ordre royal de Saint Louis parmi les Hongrois témoigne d’efforts militaires notables pendant les guerres.12

La camaraderie militaire avec les officiers français aboutit souvent aux amitiés voire aux alliances matrimoniales dans la vie quotidienne. La première génération des officiers hongrois s’allia de préférence aux familles de la noblesse militaire provinciale. La fréquence des cas d’amour illégitime donnèrent une réputation assez douteuse aux Hongrois. La deuxième génération des officiers hongrois chercha plutõt à s’allier à la noblesse de la cour et à des familles aisées de l’élite provinciale. La réussite des mariages des gentilshommes hongrois contribua largement à leur enracinement sur le sol français. Les immigrés arrivés en France se heurtaient à des difficultés matérielles considérables. La plupart d’entre eux n’avaient d’autres ressources que des pensions viagères. Le but des gentilshommes hongrois était l’acquisition foncière, puisque la terre était la véritable mesure de tous les statuts sociaux. La fortune immobilière des immigrés hongrois augmenta rapidement grâce aux mariages d’argent vers la fin de l’Ancien Régime. Il est intéressant de noter que l’implantation géographique des Hongrois se concentra sur la partie orientale de la France. L’investissement dans l’immobilier se solda par la déconfiture économique de l’élite émigrée d’origine hongroise dont les biens furent nationalisés durant la Révolution.13

L’époque des Lumières fut aussi déterminante pour la naissance de la nation moderne hongroise que pour l’épanouissement du nationalisme français. Les recherches récentes sur l’histoire de l’idée de la nation hongroise ont souligné la spécificité de celle-ci par rapport à celle du concept national français. Selon la théorie de Jenõ Szûcs, la différence réside dans la continuité et la discontinuité entre les concepts médiévaux de l’identité ethnique (gens ou natio en latin) et ceux des nations de l’époque moderne.14 Comme nous l’avons vu dans le cas de la France, la nation politique moderne française refusa la continuité avec les Francs; les idéologues de la Révolution, comme Sièyes, s’élevèrent contre la théorie nobiliaire germaniste. En revanche, l’idée de nation hongroise ne connut pas cette discontinuité idéologique à l’identique à certains égards des nations tchèque et polonaise.

Les tribus nomades hongroises ont conquis le bassin des Carpates vers 895. Comme les autres peuples nomades, ces cavaliers de steppe parlant une langue finno-ougrienne s’étaient forgé une identité basée sur le mythe de la descendance à partir d’un seul ancêtre commun.15 Après la sédentarisation et la christianisation des Hongrois nomades, les aïeux de la noblesse historique hongroise cherchèrent d’autres mythes pour légitimer leur conquête et leur droit à la propriété du pays. L’idée de la parenté des Hongrois avec les Huns et ayant ainsi droit au territoire situé dans le bassin des Carpates, en tant qu’héritage d’Attila, apparut déjà dans les premières chroniques hongroises du Moyen Age.16 L’ascendance légendaire des Hongrois remontant aux Huns, et ainsi jusqu’à leurs aïeux mythiques, les Scythes, devint le principal élément de la conception médiévale de la nation hongroise.

La noblesse hongroise se réserva cette illustre origine et si l’on parlait de nation hongroise (Natio Hungarica) il s’agissait de la noblesse. L’unité et les droits inaliénables de cette noblesse furent déjà codifiés au début du XIIIe siècle dans la fameuse bulle d’or accordée par le roi André II en 1222. Ce document, et surtout sa clause de résistance, constitua la base des revendications des Malcontents hongrois contre la maison des Habsbourg. La bulle d’or concerna uniquement le corps de la noblesse, la nation féodale hongroise, et exclut ainsi le reste des habitants du Royaume de Hongrie. Cette conception de la nation dominée par la noblesse fut confirmée plus tard par la théorie légale de István Werbõczy, formulée dans le code intitulé Tripartitum (1514). Selon cette doctrine, l’état était symbolisé par la couronne de Saint Étienne: le roi couronné n’en était que le chef, les nobles en étaient les membres. De cette manière, la souveraineté n’appartenait pas au roi seul, mais à tous les membres de la Sainte Couronne qui y participaient.17

La Hongrie, située à la frontière de l’Europe chrétienne, remplit une fonction de défense face aux envahisseurs „infidèles”. L’image de la Hongrie comme „boulevard de la chrétienté” fut conçue dans la logique d’une identité nationale, fondée sur le principe de territorialité. La conception traditionnelle de la nation hongroise, comme l’a bien démontré J. A. Armstrong, comprenait donc à la fois des éléments relatifs aux peuples nomades, et ceux qui caractérisent essentiellement les populations sédentaires.18 Dans le premier groupe figurent les croyances et les mythes sur l’origine des Hongrois ayant joué un rõle primordial dans la légitimation de la noblesse. L’autre groupe était caractérisé par une forte identité, qui existait au moins depuis le règne de Saint Étienne, liée au territoire de la Hongrie historique qui défendait l’Europe contre les invasions asiatiques. L’idée du „boulevard de l’Europe”, appelée fonction Antemurale par J. A. Armstrong, fut aussi déterminante pour la nation hongroise que le mythe de la Reconquista pour la nation espagnole.19

La conscience nationale de la noblesse et le patriotisme des paysans étaient capables de réunir les habitants de la Hongrie de l’époque moderne pour la défense du pays contre les envahisseurs turcs et impériaux. De même, la mince couche de la bourgeoisie d’origine étrangère appuyait parfois les mouvements des Malcontents hongrois pour recouvrer l’indépendance du pays. Une certaine identité politique hongroise, en tant qu’habitant du Royaume de Hongrie (Hungarus en latin), caractérisait les différentes nationalités aussi. Les mouvements séparatistes des différentes nationalités ne commencèrent qu’à partir de la fin du XVIIIe siècle.

La défaite de la guerre d’indépendance de Rákóczi marqua une nouvelle période dans l’histoire des relations entre la noblesse hongroise et la dynastie des Habsbourg. En échange de la garantie de leurs prérogatives, les gentils- hommes hongrois combattirent aux cõtés des impériaux lors des grands conflits internationaux du siècle. La possibilité de recouvrer l’indépendance de la Hongrie après la mort de Charles VI fut refusée par la majorité de la noblesse hongroise. En septembre 1741, les ordres nobiliaires hongrois déclarèrent leur fidélité et leur attachement à la dynastie, en présence de Marie-Thérèse à la Diète de Presbourg. La politique de Marie-Thérèse était particulièrement efficace du point de vue de la consolidation du gouvernement des Habsbourg en Hongrie. Le règne de Joseph II créa une situation bien différente. Il ne se fit pas couronner à Presbourg et fut surnommé „le roi au chapeau” par les Hongrois. Par cet acte volontaire, Joseph II transgressa une ancienne loi, celle de la théorie de la Sainte Couronne qui était la base spirituelle du compromis entre l’élite hongroise et la maison des Habsbourg. Ce „despote éclairé” envisagea des réformes, inspirées en partie de la philosophie des Lumières, qui offensaient non seulement la dignité de la noblesse hongroise, mais aussi le sentiment patriotique et religieux du peuple. Sa politique de germanisation, qui voulait élargir l’usage de l’allemand à toutes les régions de son empire, suscita la réaction quasiment unanime de la société hongroise.20 À la Diète, qui fut convoquée après sa mort en 1790 à Presbourg, le mécontentement atteignit le plus haut degré et menaça d’un soulèvement national.

Dans cette période turbulente des idées politiques de l’Ancien Régime et de celles du nationalisme revendicatif de la Révolution française, l’immigration hongroise devait se définir en tant qu’entité politique distincte. La collectivité des Hongrois représentait dès le début de son apparition une minorité ethnique au sein du Royaume français. Il ne s’agit pas d’une minorité au sens moderne du terme. Nous employons ce mot plutõt pour désigner la relation qui existait entre la communauté des ressortissants hongrois et la majorité, ayant une identité française claire, de la population de la France. D’autre part, les Hongrois, eux-mêmes, se considéraient aussi comme membres d’une communauté différente des autres qui existaient en France. Le comte László Bercsényi définit leur condition d’une manière très pertinente lorsqu’il sollicita dans une lettre la décoration de la Broderie de l’ordre de Saint Louis:

Il est vrai, que s’il était décoré de la Broderie de l’Ordre de St. Louis, vous feriez parler de moi jusqu’aux confins de la Transylvanie. Mais c’est une grâce que j’espère et que je n’oserai demander, quoique je vous avoue, Monseigneur, que je renonce volontiers aux 2000 livres qui y sont attachés, en faveur de cette marque de distinction qui ne couteroit rien au Roy et qui flatteroit infiniment toute la nation hongroise qui forme aujourd’hui un état en France.21

L’ensemble des militaires hongrois fut donc considéré, par le comte Bercsényi, comme un corps social à part entière de la société française. L’emploi du mot „nation” en ce sens fut assez courant dans le français contemporain. Elle signifia, dans un contexte universitaire par exemple, la communauté des étudiants provenant d’un pays particulier. De même, le terme apparaît souvent dans les correspondances diplomatiques des ambassadeurs français à Constanti- nople évoquant les colonies françaises du Moyen Orient.22 Le mot désignait donc, entre autres, une collectivité ethnique bien organisée vivant durant une période indéterminée sur le territoire d’un pays étranger.

Avant tout, on considérait Hongrois les individus nés en Hongrie. La nationalité hongroise de l’époque était employée pour tous les ressortissants du Royaume de Hongrie, autrement dit les régnicoles hongrois, qui ne furent pas tous des magyars, mais qui avaient une identité politique hongroise. Le mot latin Hungarus désignait alors tous les habitants de ce pays. En examinant les états des régiments de hussards français, nous pouvons distinguer de plus nettement une identité transylvaine à l’intérieur même du groupe des Hongrois.23 La Transylvanie, ayant un régime particulier depuis des siècles, était habitée par plusieurs nationalités différentes : Hongrois, Allemands, Valaques etc. Le caractère multinational de cette région favorisa l’apparition d’une conscience transylvaine qui fut soigneusement gardée par les hussards au service de la France originaires de cette région.

La conscience nationale hongroise des réfugiés kouroutz fut alimentée par la mémoire de la guerre d’indépendance de Rákóczi. Le corps d’officiers se recruta des anciens combattants les plus éminents. László Bercsényi fut un des personnages les plus célèbres dont le seul nom fit éclater des révoltes dans certaines régions de la Hongrie et attira nombre de déserteurs de l’armée impériale. Le comte lui-même resta fidèle jusqu’à sa mort aux idées du mouvement kouroutz. Il ne manqua pas de souligner son identité hongroise dans sa lettre qu’il avait adressée au comte Pálffy à la veille de la guerre de Succession d’Autriche:

Mais mon Coeur et mon sang sont hongrois et me pousseront vers ma patrie jusqu’à ma mort...24

La conservation de l’identité nationale des hussards hongrois était en partie due à une politique gouvernementale délibérée et, d’autre part, elle résulta du sentiment national très fort qui caractérisait l’élite des immigrés hongrois. Le hongrois fut pendant la première moitié la langue du commandement dans leurs régiments. L’emploi du hongrois comme langue de commandement fut indéniablement un „privilège” dans les unités où les Hongrois n’étaient que très rarement en majorité absolue. Nous ignorons la véritable ampleur de l’utilisation de cette langue. Certainement, elle fut surtout parlée entre les militaires de cette nation. Néanmoins, certaines expressions, jurons, refrains des chants militaires furent pratiqués par tous les soldats.25 Le respect de la tradition vestimentaire hongroise, l’armée française attirait davantage les déserteurs hongrois. Même la manière hongroise de partager les butins fut tolérée dans les unités à majorité hongroise.26 Les officiers supérieurs hongrois défendaient, parfois d’une manière opiniâtre, le caractère hongrois des hussards français contre les réformes préconisant l’uniformisation et la „nationalisation” des régiments étrangers de l’armée française. Lorsque le maréchal de Broglie proposa, en 1742, de mêler quelques officiers françois dans les régiments de hussards le comte Bercsényi appuya le principe national de ces régiments:

Je ne sçay pas, Monseigneur, qu’elle peut etre la raison de ce qu’il servoit à souhaiter de meler quelques officiers françois dans les régiments d’hussarts, tandis que l’intention de la Cour étoit toujours d’y employer les hongrois preferablement aux autres nations...27

Même le maréchal de Belle-Isle, ayant connu la compétence militaire des hussards hongrois pendant la campagne de Bohême, était favorable à l’idée d’employer plutõt des Hongrois que des Français dans les régiments de hussards.28

Après la révolution diplomatique de 1756, le caractère hongrois des régiments de hussards s’estompa. La désertion, qui était pendant longtemps la source principale du contingent hongrois de l’armée royale française, fut de même interrompue par les accords franco-autrichiens. Faute de cavaliers hongrois, les régiments de hussards accueillirent désormais de nombreux Alsaciens, Lorrains et Allemands. L’immigration politique hongroise perdit alors sa raison d’être : elle cessa de représenter une tradition nationale hongroise qui devint fort anachronique au sens du gouvernement français. Leur présence en France était dorénavant purement militaire et presque dépourvue de connotation politique ou nationale. Néanmoins, le caractère étranger des hussards fut encore maintenu.

Hormis les raisons politiques de l’émigration, l’arrivée des Hongrois était encouragée par le gouvernement français. La monarchie française employait un grand nombre de troupes étrangères – des mercenaires suisses, allemands, irlandais, polonais etc. – qui constituaient environ un quart des effectifs de l’armée royale française. Ces régiments étaient les corps les plus fidèles aux rois français qui les employait non seulement en temps de guerre mais aussi dans des périodes de révoltes et d’effervescence sociale où il fallait rétablir l’ordre. C’est pourquoi les rois favorisèrent l’emploi préférentiel des Hongrois et des Allemands dans ces unités. Le rõle joué par les régiments de hussards pendant la grande peste en Languedoc en 1720, ou bien durant la fameuse „guerre des farines” en 1775 fut particulièrement importante.

Parmi les membres de la deuxième génération des immigrés hongrois, la conscience nationale hongroise était moins nette et influencée par des éléments français. Même si le comte Valentin Esterhazy était fier de ses aïeux et parents français et occupait une place élevée dans l’armée, il était considéré comme un étranger.29 Orphelin d’un officier hongrois, il fut élevé par le comte László Berchény. Il se distingua pendant la guerre de Sept Ans et bientõt il obtint l’autorisation de lever un régiment de hussards (1764). Son rang et son intelligence lui procurèrent plusieurs missions diplomatiques en Europe centrale et probablement en Angleterre. C’était lui qui transmit, en 1770, le portrait du futur Louis XVI à Marie-Antoinette à Vienne.30 Il y gagna la sympathie et la confiance de la future reine française qui, malgré les protestations de Marie-Thérèse, le combla de ses grâces.31 Pendant l’effervescence populaire en 1775 (la Guerre des Farines), il se distingua à la tête de son régiment dans le rétablissement de l’ordre dans la région de Brie.32 En 1780, il fut nommé général et l’année suivante gouverneur militaire de Rocroy.33 Le zénith de sa carrière fut indubitablement le moment où il fut promu membre du Conseil de Guerre créé en 1787.34 Ce personnage bien réussi parlait et écrivait non seulement le français et le hongrois mais l’allemand et l’anglais aussi.

Un autre représentant illustre de cette génération, François baron de Tott, se considérait également comme un étranger.35 Pour Voltaire, il était déjà un Français.36 Dans ses mémoires, le baron de Tott élabora la conception d’une mentalité nationale commune des peuples et indépendante des climats.37 Cette théorie politique de la nation, quoique son auteur fút un royaliste fervent, peut être rapprochée de celle de Rousseau et souligne surtout la supériorité européenne face au reste du monde. Le baron qui travailla sur un projet d’occupation de l’Égypte à la veille de la Révolution fut un des précurseurs des idéologues de la théorie coloniale.38 En tant qu’éminent orientaliste de son époque, il contribua à la fameuse controverse politique et culturelle sur le despotisme orientale.39

La noblesse hongroise vivant en France restait fidèle au principe traditionnel de la nation hongroise (Natio Hungarica). Les gentilshommes d’origine hongroise gardaient jusqu’à la Révolution une position importante dans les régiments de hussards. Ils s’allièrent très souvent à la noblesse militaire française où il trouvaient un accueil favorable. La plupart des officiers hongrois mariés épousèrent les filles issues de la petite noblesse provinciale. Le comte Turpin de Crissé préconisa même une politique d’implantation des jeunes gentilshommes hongrois en France.40 L’idéologie de la noblesse hongroise fut très proche des idées de la noblesse militaire prõnées par le chevalier d’Arc en France41 Dans son ouvrage intitulé La noblesse militaire ou le Patriote français (Paris, 1756) le chevalier d’Arc voulait réserver les grades d’officier exclusivement aux nobles.42 La fameuse réaction nobiliaire à la veille de la Révolution servait en partie les intérêts de cette élite d’origine étrangère dont la qualité nobiliaire était acceptée en France aussi. Cette dernière tentative de la noblesse de garder sa position sociale appuyée par une idéologie organique de la nation fut vouée à l’échec durant la Révolution.

La Révolution introduisit l’idée de la nation française moderne. L’attachement à la Monarchie fut perçu comme une trahison par le peuple français. Les parents et amis des émigrés et étrangers étaient des „suspects”. Pour la plupart des Jacobins, un Français qui ne parlait pas français était suspect, et ainsi dans la pratique le critère ethnolinguistique de la nationalité fut souvent accepté.43 Au début de la Révolution, les régiments Berchény et Esterhazy stationnaient à Paris et participaient activement aux combats dans les rues de la capitale.44 Deux ans plus tard, ils furent employés aux alentours de Varennes pour assurer la fuite de la famille royale à l’étranger.45 Il en résulta l’expulsion de la plupart des officiers d’origine hongroise. Pour illustrer l’étrange situation subie par les immigrés hongrois les phrases de François-Antoine Berchény, le fils du maréchal Berchény, sont bien pertinentes:

Mon père a dú quitter la Hongrie parce qu’il n’aimait pas trop le roi. Moi, il m’a fallu quitter ma nouvelle patrie parce que j’aime beaucoup mon roi. Les deux choses nous sont comptées comme faute.46

Le comte Ladislas Valentin Esterhazy, installé en Russie grâce à la faveur de Catherine II, fit un voyage en Hongrie vers la fin de sa vie. Ce témoignage de sa lettre adressée à sa femme nous représente son état d’âme d’une manière fort émouvante:

A tous les coeurs bien nés que la patrie est chere! Je ne suis, mon cher coeur, qu’à la porte de la Hongrie, mais il me semble que je respire un air plus pur, que la campagne est plus belle, qu’aussi il y fait plus beau qu’à Vienne, je m’y porte à merveille.47

Finalement, dans le cas de certains membres de la troisième génération l’identité française semble être plus forte que celle des ancêtres hongrois. La perte de la langue hongroise fut le signe le plus remarquable de ce changement. Après les amnisties, ils rentrèrent presque tous en France.

L’intégration culturelle des immigrés hongrois n’avait rien d’extraordinaire car à cette époque la culture française était un étalon universel pour toutes les élites européennes. Leur situation d’immigrés favorisa ce processus. Les similitudes culturelles, comme la religion catholique, jouèrent un rõle capital. Hormis le français, qui était un idiome international, l’élite militaire hongroise se distingua dans d’autres langues étrangères. Cette faculté contribua à l’ascension de quelques Hongrois dans la diplomatie orientale. L’élite hongroise nous a laissé des ouvrages imprimés dans lesquels on peut même retrouver les idées éclairées de leur temps.48 Mais, paradoxalement, l’élite nobiliaire hongroise résidant en France se montrait beaucoup moins ouverte aux idées des Lumières que leurs compatriotes vivant en Hongrie.

Au terme de notre étude nous avons essayé d’esquisser les traits de l’évolution du concept de la nation en France et en Hongrie au XVIIIe siècle. En France, on assista à la genèse d’une nation politique de type moderne, tandis qu’en Hongrie la nation gardait son aspect organique traditionnel et comprenait seulement la noblesse. L’élite de l’immigration hongroise adopta cette dernière variante qui était représentée en France par la noblesse militaire. La divergence des deux modèles de nationalisme évolua vers un conflit social qui atteignit son point culminant lors de la Révolution française. Les immigrés qui avaient accepté la nouvelle nationalité restèrent en France en continuant de servir leur nouvelle patrie et en gardant le souvenir de leurs origines hongroises.49 La particularité de l’intégration des immigrés hongrois résidait dans le fait qu’elle fut encouragée par le gouvernement français de l’époque. Les transfuges hongrois étaient incorporés dans des régiments commandés par des officiers hongrois. Même la langue du commandement était le hongrois dans la première moitié du XVIIIe siècle. De plus, d’autres privilèges étaient également respectés dans les régiments de hussards dont le caractère étranger perdura jusqu’à la Révolution. Dans la perspective d’une éventuelle diversion en Hongrie le souvenir de la guerre d’indépendance de Rákóczi fut soigneusement entretenu dans ses unités. De même, ces cavaliers étrangers pouvaient être employés en France lors des périodes d’effervescence populaire comme pendant l’épidémie de peste en Languedoc ou bien au début de la Révolution française à Paris. La situation des immigrés hongrois est intéressante dans la mesure où ils remplirent une fonction ethnique au sein de la société française. Ils étaient à bien des égards comparables aux autres immigrations militaires, comme celles des Irlandais, Suisses ou Polonais, qui combattirent dans l’armée royale française à l’époque des Lumières.

 

Notes

1

Voir à ce sujet: Zachar J.: Idegen hadakban (Dans des armées étrangères), Budapest, 1981.

2

Turpin de Crissé, C. de: Essai sur l’art de la guerre, Paris, 1754. p. 149.

3

Zachar J.: Idegen... op. cit. p. 113.

Cf. László J.: Magyar huszárok idegen nemzetek szolgálatában (Hussards hongrois au service des nations étrangères), In: Ajtay E. – Péczeky L. sous la dir.: A magyar huszár (Le hussard hongrois), Budapest, 1936. pp. 169–170.

4

SHAT, série MR 1730 fol. 1181.

5

Turpin de Crissé, C. de: Essai sur... op. cit. p. 177.

6

Bibliothèque de l’Arsenal, série Ms 4077 Observations sur le service des hussards et troupes légères... p. 53. Ce manuscrit fut publié in extenso par l’auteur de cette étude: Tóth F.: A magyar huszárok dicsérete Franciaországban, avagy Lancelot Turpin de Crissé gróf egy magyar vonatkozású, kiadatlan kézirata, In: Fons (Budapest) 1997/3. pp. 253–300.; Cf. Tóth F.: Éloge des hussards hongrois en France, In: Bois J.-P. (sous la dir.): Les armées et la guerre de l’Antiquité à la Seconde Guerre mondiale, Enquêtes et Documents n° 25, Nantes, 1998. pp. 149–166.

7

Jeney: Le Partisan ou l’art de faire la petite guerre avec succès selon le génie de nos jours, La Haye, 1759. p. 15.

8

Corvisier, A.: L’armée française de la fin du XVIIe siècle au ministère de Choiseul. Le soldat, Paris, 1962. p. 127.

9

Voir à ce sujet: Léonard, É. G.: L’armée et ses problèmes au XVIIIe siècle, Paris, 1958.

10

Idem. pp. 178–185.

11

Ibidem. p. 602.

12

Voir à ce sujet l’étude de Zachar J.: A francia Szent-Lajos rend magyar kitüntetettjei (Les porteurs hongrois de la croix de Saint Louis) In: Idegen... op. cit. pp. 445–458.

13

Tóth F.: Ascension sociale sociale et identité nationale, Thèse de doctorat sous la direction de M. Jean Bérenger, Université de Paris-Sorbonne, 1995. pp. 265–297.

14

Szûcs J.: A magyar nemzeti tudat kialakulása (La genèse de l’identité nationale hongroise), Szeged, 1992, p. 19. Cf. Szûcs J.: Nation und Geschichte, Budapest, 1981.

15

Armstrong, J. A.: Nations before Nationalism, Chapel Hill, 1983. p. 48–49.

16

Idem. p. 50.

17

Marczali H.: La Hongrie et la Révolution française, Budapest, s. d. p. 14.

18

Armstrong, J. A.: Nations... op. cit. pp. 81–83.

19

Idem. pp. 65–81.

20

F. Bluche, F.: Le despotisme éclairé, Paris, 1969. pp. 123–125.

21

Cité par Forster Gy.: Gróf Bercsényi László Franciaország marsallja (Le comte László Bercsényi maréchal de France), Budapest, 1925. p. 112.

22

Centre des Archives Diplomatiques de Nantes, Ambassade de Constantinople série A1 collection Saint-Priest 19 «Mémoires pour servire à l’état actuel de la nation françoise et de son commerce en Levant» (1747)

23

Voir sur les hussards originaires de Transylvanie:

Corvisier, A.: Soldats originaires de Transylvanie, Moldavie et Valachie dans l’armée française au XVIIIe siècle, In: P. Jónás éd.: Háború és társadalom. Király Béla emlékkönyv (Guerre et société, Recueil d’études à la mémoire de Béla Király), Budapest, 1992, pp. 109–122.

24

Cité en hongrois par Zachar J.: Franciaország magyar marsallja Bercsényi László (Bercsényi László, maréchal de France hongrois), Budapest, 1987. p. 128.

25

Barjaud, Y.: Les Hussards: trois siècles de cavalerie légère en France, Lausanne, 1988. p. 32.

26

Service Historique de l’Armée de Terre (Vincennes, SHAT), série A1 3069 fol. 73.

27

SHAT, série A1 2969 fol. 32.

28

Bibliothèque Nationale (Paris), série Ms. fr. (Manuscrits français) 11256 Mémoires inédits du maréchal de Belle-Isle Tome III, fol. 137–138.

29

Esterhazy, V.: Mémoires, Paris, 1905, p. 194.

30

Idem. p. 437.

31

Voir à ce sujet: Franjou, E.: Le comte Valentin Esterhazy, seigneur de La Celle-Saint-Cyr, confident de Marie-Antoinette, Auxerre, 1975.

32

Esterhazy, V.: Mémoires... op. cit. pp. 169–171.

33

Bibliothèque Mazarine (Paris), série Ms. 2863 État du régiment de hussards Esterhazy, dressé en 1781 et mis à jour jusqu’en 1784 fol. 2.

34

M. de Bombelles: Journal Tome II, Genève, 1982. p. 186.

35

Mémoires du baron de Tott sur les Turcs et les Tartares Tome II, Maestricht, 1786. p. 1.

36

Tóth, F.: Voltaire et un diplomate français d’origine hongroise en Orient, In: Cahiers d’études hongroises 7/1995, Paris, 1995. pp. 78–86.

37

Mémoires du baron de Tott sur les Turcs et les Tartares, Maestricht, 1786. pp. VIII–IX.

38

Charles-Roux, F.: Le projet français de conquête de l’Égypte sous le règne de Louis XVI, Le Caire, 1929. p. 15.

39

Voir à ce sujet: Laurens, H.: Les origines intellectuelles de l’expédition d’Égypte, L’orientalisme islamisant en France (1698–1798), Istambul-Paris, 1987.

40

„La hongrie fourmille de quantité de gens de condition pauvres, il Se trouve même dans ce Royaume des gens de la plus grande qualité dont les ancetres ont été disgraciés, et n’ont pour tout appanage qu’un beau nom et un Sabre. Je crois qu’il Seroit facile a Sa Majesté, par le moyen de Son Ambassadeur a Vienne, d’attirer en france de ces jeunes gens, les attacher aux Regiments hussards avec des commissions de Capitaine de Lieutenant plus ou moins, le tout proportionné a leur merite, leur naissance et leurs moeurs, lequel compte Seroit rendu au Ministre de la guerre par Son Ambassadeur, ces jeunes gensarrivés ici en france, Se feroient a nos usages deviendroient bons françois et Sujets fidelles."

Bibliothèque de l’Arsenal, série Ms. 4077, Observations Sur le Service des hussards Et Troupes Legeres Quelques autres, sur celuy des troupes en général, d’un Maréchal de Camp, d’un Brigadier, Colonel, Lleutenant Colonel, Major, Capitaine et Subalterne, avec quelques idées en general pour établir la Subordination et la discipline dans les troupes françoises Par Le Comte Turpin, Brigadier des armées du Roy, et Mestre de camp d’un Regiment D’hussards" pp. 55–56.

41

Arc, Ph.-A. de Sainte-Foix chevalier d’: La noblesse militaire ou le patriote françois, Paris, 1756. p. 5.

42

Léonard, É. G.: L’armée et ses problèmes au XVIIIe siècle, Paris, 1958. pp. 178–195.

43

Hobsbawm, E.: Nations et nationalismes depuis 1780, Paris, 1990. p. 33.

44

Fieffé, E.: Histoire des troupes étrangères au service de la France, Paris, 1854, p. 346.

45

Choiseul, duc de: Relation du départ de Louis XVI le 20 juin 1791, Paris, 1822. p. 81.; Fischbach, G.: La fuite de Louis XVI, d’après les Archives Municipales de Strasbourg, Paris, 1879. p. 122.

46

Rupelle, J. de la: Le maréchal de Berchény de Szekes,Vivat Hussar n° 12, Tarbes, 1977. p. 132.; Cf. Thaly K. éd., Székesi gróf Bercsényi Miklós levelei Károlyi Sándorhoz (Lettres de Miklós Bercsényi de Székes à Sándor Károlyi), Pest, 1868. p. XXVIII.

47

Lettre de Ladislas Valentin Esterhazy à sa femme (Eisenstadt, le 6 avril 1804) Newberry Library Case Ms 5002 Pt. 2 vol. 7.

48

Nous pensons ici surtout aux ouvrages des deux mémorialistes d’origine hongroise: Mémoires du baron de Tott sur les Turcs et les Tartares, Amsterdam, 1784.; Mémoires du comte Valentin Esterhazy, Paris, 1905. Autres ouvrages remarquables: Jeney: Le Partisan ou l’art de faire la petite guerre avec succès selon le génie de nos jours, La Haye, 1759.; Lettres du comte Valentin Esterhazy à sa femme, Paris, 1907.; Mémoires et voyages de Maurice-Auguste, comte de Benyowsky, Londres, 1790.; Nouvelles lettres du comte Valentin Esterhazy à sa femme (1792–1795), Paris, 1909.

49

Voir à ce sujet: Tóth F.: Identité nationale en exil: le rõle du sentiment national hongrois dans la constitution des régiments de hussards en France au XVIIIe siècle, In: David A. Bell – Ludmila Pimenova – Stéphane Pujol (sous la dir.): La recherche dix-huitiémiste. Raison universelle et culture nationale au siècle des Lumières, Paris–Genève (Champion-Slatkine), 1999. pp. 91–107.